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Des jeux
grandeur nature

Jeu de papier

Mobirise

Image : [4.5.1] Plan des Chateaux et Jardins de Choisi le Roy Levés par Gauche Jardinier des Bosquets, Paris, chez M. Le Rouge ingénieur géographe du Roi, 1783 (détail) (crédits Gallica)

À la fin des années 1730, le prince Louis de Bourbon Condé fait dessiner un jeu de l’oie dans le Petit Parc de son château de Chantilly. L’idée fait mouche dans l’entourage royal : moins de dix ans plus tard, les châteaux de Chamarande et de Choisy-le-Roi ont aussi le leur.

Celui de Choisy-le-Roi a disparu, mais un plan gravé en 1783 permet de s’en faire une idée. Louis XV le fait aménager en mars 1740, entre un labyrinthe et un jeu de l’Électeur (jeu qui consiste à pousser une balle avec une cuillère, pour la faire passer sous de petites arches). Les joueurs profitent ainsi d’une vue superbe sur la Seine, qui coule toute proche. Une allée est aménagée dans un vaste bosquet coupé à hauteur d’appui, de manière à ce que les joueurs puissent se voir et communiquer entre eux. Le parcours, écrit en 1755 par Dezallier d’Argenville dans le Voyage pittoresque des environs de Paris, est ponctué de petites sculptures représentant les figures du jeu. On peut distinguer la case 19 (l’auberge), la case 31 (le puits) et la case 52 (la prison), prolongées par des diverticules et des espaces qui permettent de patienter deux tours ou d’attendre la venue libératrice d’un autre joueur. La case 58, celle de la mort, est directement reliée à la case départ par un raccourci. D’autres circulations sont aménagées, qui permettent de quitter aisément le bosquet par ses angles.

De l’ancien parcours de Chantilly, il subsiste en revanche une série d’éléments matériels : quelques bornes numérotées, les socles qui accueillaient les figures sculptées (les oies, le labyrinthe, la mort) et les vestiges de petites constructions en bois ou en pierre (le pont, le puit, le cabaret, la prison).

On peut toutefois douter que ces écrins de verdure aient accueilli de véritables joueurs. Dans le bosquet de Chantilly, dont le terrain est boisé et les dimensions particulièrement grandes (environ 200 x 100 m), les communications directes étaient difficiles et les parties nécessitaient de mobiliser des estafettes ; on jouait avec des boules numérotées dont le tirage était souvent indécis. Les archéologues qui ont mis au jour les vestiges de ce jeu estiment qu’avec dix joueurs, à raison d’une dizaine de coups chacun, une partie pouvait durer deux jours… Le jeu de l’oie de Choisy-le-Roi, avec ses dimensions plus restreintes (100 m x 60 m), ou celui de Chamarande, offraient sans doute des conditions matérielles plus propices au jeu, sans rien ôter au plaisir de la promenade.

E. C.