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Images d'Epinal

Jeu de papier

Beaucoup des ateliers d’imagerie que l’on a vu fonctionner au XVIIIe siècle en province disparaissent après la Révolution. La production se concentre alors dans les villes du nord-est de la France, à Épinal chez Pellerin bien sûr, mais aussi à Montbéliard chez les frères Deckherr entre 1812 et 1832, à Metz chez Dembour et Gangel entre 1835 et 1871, à Wissembourg chez Wentzel entre 1835 et 1869 ou à Pont-à-Mousson, chez Élie Hagenthal, entre 1841 et 1879. La présence forte et ancienne des métiers d’imprimerie, la tradition de la dominoterie et de la carterie, l’abondance des bois et des cours d’eau permettant la fabrication d’un papier à bon marché, une population largement alphabétisée et habituée à la manipulation du papier et des images, expliquent le succès des imageries de la région. Les jeux de l’oie y sont produits en même temps que les autres images, petites et grandes, coloriées ou à découper, ombres chinoises et armées de petits soldats. Un des grands succès de cette production dite « d’Épinal » sont les planches d’images ou histoires en vignettes, disposées en « gaufrier », dont on retrouve parfois les motifs sur les jeux de l’oie. Toute cette dominoterie est vendue aux colporteurs qui circulent à travers le pays. Les deux premiers tiers du XIXe siècle marquent l’apogée du colportage, porté par la demande du public rural, avant que le développement des moyens de communication et de la presse périodique ne conduisent à sa disparition.

Dans la première moitié du XIXe siècle, les images sont encore réalisées selon le procédé de la taille d’épargne. Au centre du bois gravé, l’imprimeur insère ensuite la composition typographique présentant les règles du jeu. Après l’impression, le coloriage se fait au pochoir : les différentes parties à colorier sont découpées dans une feuille de carton, qui est ensuite superposée à la feuille imprimée et peinte à l’aquarelle à la brosse. La procédure est répétée pour chaque couleur. Au milieu du siècle, l’imagerie d’Épinal adopte massivement la lithographie, technique plus simple et plus rapide fondée sur l’antagonisme de l’eau et des matières grasses, qui suppose ensuite plusieurs passages sous la presse pour apposer les couleurs.

La plupart des jeux de l’oie sont ornés de façon simple, de soldats, de personnages de ville et de figures de cirque. Mais les contes de fées, les Cris de Paris et les troupes militaires sont aussi pris dans la spirale du jeu. Soldats, fées et animaux exotiques circulent ainsi d’une planche à l’autre, des gaufriers aux livrets d’histoire, des feuilles de jeux aux théâtres à découper, construisant l’imaginaire des enfants.

Sur cette planche de l’imagerie Pellerin, à Épinal, des rébus ont été ajoutés dans les marges.

Mobirise

Image :  [4.2.1] Jeu de l’oie, Épinal, Pellerin et Cie, s.d., taille d’épargne sur bois, coloriage au pochoir.

Sur cette autre planche, de belle facture, produite vers 1850, des marques rondes ont été imprimées sur les côtés : elles doivent être découpées et doublées par le propriétaire de la planche, qui les distribue aux joueurs.

E. C.

Mobirise

Image :  [4.2.2] Jeu de l’oie renouvelé des Grecs. Jeu de plaisir et de récréation, Épinal, Pellerin et Cie, v. 1850, taille d’épargne sur bois, coloriage au pochoir.