Image : [2.3.1] Le jeu royal de l’oye, Paris, Didier Aubert, [entre 1735 et 1756 ?], taille d’épargne sur bois, coloriage au pochoir (détail)
Image : [2.3.2] Le jeu royal de l’oye, Paris, Didier Aubert, [entre 1735 et 1756 ?], taille d’épargne sur bois, coloriage au pochoir.
Le graveur de ce jeu parisien du XVIIIe siècle a représenté le labyrinthe sous une forme plus naturelle et plus erratique.
Le graveur de ce jeu parisien du XVIIIe siècle a représenté le labyrinthe sous une forme plus naturelle et plus erratique.
La prison et l’auberge, pour être correctement interprétées, doivent être rapportées à leurs significations historiques à l’époque où le jeu de l’oie a été inventé. La prison est alors une mesure préventive en attente d’un jugement ou d’un châtiment. Elle ne constitue pas une peine à proprement parler. L’auberge, quant à elle, est souvent appelée « hôtellerie » et pourrait renvoyer à un hôpital, plutôt qu’à un hôtel au sens que nous lui donnons aujourd’hui. Dans les deux cas il y a une idée de marge, de mise à l’écart dans l’attente d’une peine ou pour des raisons sanitaires ou sociales.
Image : [2.3.3] Le jeu royal de l’oye, Paris, Didier Aubert, [entre 1735 et 1756 ?], taille d’épargne sur bois, coloriage au pochoir (détail de l’auberge et de la prison)
Ainsi, les différents éléments du jeu attestent d’une conception de l’existence bien spécifique, qui laisse de la place aux ambiguïtés, aux paradoxes et à la marginalité, et qui tient compte des aléas et des retournements de situation inhérents à tout parcours de vie. La fin du jeu elle-même est hasardeuse, réglée par un jet de dés qui doit arriver à la somme exacte permettant de franchir sans heurts la porte du paradis. Comme la vie elle-même, le passage vers l’au-delà n’est pas facile pour tous les joueurs.
L. F.