Dès le XVIIe siècle, le jeu de l’oie fait l’objet de réalisations fines, voire luxueuses : on connaît des jeux incrustés sur des tables en marquetterie, fournis de pions délicatement sculptés. En France, on en trouve dans les différentes résidences de la famille royale. À Versailles, l’Inventaire général du mobilier de la Couronne réalisé en 1673 fait mention, à côté de deux tables à jeux de hocqua en ivoire, ébène et velours, d’un « jeu d’oye, peint en mignature à petits personnages, dans le milieu duquel est représenté la veue du chasteau de Versailles du costé de l’orangerie, doublé de tapis vert ». Au XVIIIe siècle, les tables à jeux connaissent un formidable essor : elles sont tantôt spécialisées, tantôt aménageables, avec plusieurs plateaux amovibles. En 1791, l’inventaire du château de Compiègne mentionne une table à jeux en palissandre et bois de rose, proposant damier et jeu de l’oie.

Au XIXe siècle, ces jeux en dur entrent dans les intérieurs bourgeois. Les planches sont fréquemment collées sur un carton fort pour les protéger. Au début du XXe siècle, les coffrets de jeux se démocratisent. En 1904, pour faire face à la concurrence de l’industrie allemande, six fabricants français s’associent pour former « Les Jeux et Jouets Français », qui durent jusqu’en 1930. La société propose des coffrets pour les étrennes contenant des petits jeux en vrac, ou un ensemble de jeux de société destinés aux familles. En plus du jeu de l’oie, on y trouve une marelle, un jeu de dames, un jeu des petits chevaux. Les planches sont associées deux à deux, comme dans cette production de l’imprimeur parisien Dupuy où le jeu de l’oie figure au dos d’un jeu de marelle – le tout probablement vendu dans un coffret à la taille de la planche repliée.