Dans les représentations occidentales classiques, les tribus sont souvent associées au milieu désertique et à un mode de vie nomade ou semi-nomade. Il n’en est rien au Yémen : les tribus nomades sont peu nombreuses. La plupart des ensembles tribaux, dont la taille varie de 100 à un demi-million de membres, regroupent des agriculteurs sédentaires attachés depuis de nombreux siècles à leurs territoires. Les liens sociaux de la tribu sont fondés sur des liens de sang (ansāb) réels ou fictifs, une référence à un ancêtre commun et à un territoire. Les liens de sang se perpétuent grâce à un système d’alliances matrimoniales (mariages intra-tribaux) empêchant le démembrement de la terre et son transfert à une autre tribu. Les mariages entre tribus, plus rares, scellent des alliances intertribales qui forment des confédérations. À l’intérieur d’une confédération, chaque tribu est composée de plusieurs clans. Chaque clan est représenté par un shaykh qui est avant tout le garant de l’ordre social et un médiateur en cas de conflit. Enfin, la plus petite unité de cette arborescence tribale est la maisonnée ou maison (bayt). Ainsi, la maison représente un espace d’organisation, de pouvoir et d’identification. Si l’ancêtre fondateur d’une tribu est systématiquement de sexe masculin, une maisonnée ou lignage peut porter le nom d’une femme. Le terme de bayt (maison) désigne également la famille dans le sens restreint de foyer familial incluant les grands-parents, parents et enfants.