Solange Ory (1927 - 2018), épigraphiste
Après une mission à Touggourt en Algérie ainsi qu’à Tunis dans le cadre d’une formation en théologie et en philosophie de l’Université suisse de Fribourg (1959-1961), Solange Ory soutint un mémoire de recherche à l’École pratique des hautes études intitulé Croyances et pratiques religieuses des femmes de la tribu des Ftitiya de la région de Touggourt. Elle débuta, dans la foulée, des études de langue arabe à la Sorbonne, puis de philologie, de littérature et de linguistique arabes. En même temps qu’elle travaillait à sa Licence ès-lettres en langue arabe (obtenue en 1963), elle bénéficiait de vacations au Cabinet des manuscrits orientaux de la Bibliothèque nationale.
Sa curiosité pour l’histoire de l’art en général et l’étude des sources et traces écrites en particulier la poussa à se spécialiser en épigraphie arabe et islamique. En mai 1969, elle défendit une thèse de Doctorat sur les Monuments et inscriptions de la ville de Buṣrā aux époques umayyade et salǧūqide en Syrie. De 1971 à 1973, pensionnaire scientifique à l’Institut français d’études arabes de Damas (Syrie), elle fut membre de plusieurs missions archéologiques, et travailla à l’archivage de la photothèque et des inscriptions arabes collectées par le grand épigraphiste suisse Max van Berchem (1863-1921).
En 1975, Solange Ory fit ses premiers pas dans l’enseignement à l’Université d’Aix-en-Provence. Elle fut promue Professeur des universités en 1990 après avoir soutenu une thèse de Doctorat d’État intitulée Recherches en histoire de l’art et épigraphie arabes en Syrie et au Yémen du Nord. À l’Université de Provence, elle était chargée des enseignements de civilisation arabe et d’épigraphie. Elle animait également un atelier de calligraphie pratique durant lequel elle familiarisait ses étudiants – avec une plume biseautée et de l’encre – aux principaux styles de l’écriture arabe. Ses cours étaient le lieu d’une découverte permanente : elle y transmettait avec enthousiasme sa passion des arts de l’islam, de ses monuments et des inscriptions arabes qui les ornaient, notamment à travers ses propres clichés photographiques. Solange Ory était l’âme de ce qu’elle appelait l’école épigraphique aixoise.
En plus de la Syrie, elle mena des prospections de terrain au Yémen du Nord, entre 1984 et 1997, et conduisit notamment une étude des décors épigraphiques de la mosquée al-ʿAbbās à Asnāf, publiée sous le titre De l’Or du sultan à la lumière d’Allah.
Extraits du texte de :
Frédéric Imbert, «
Solange Ory (1927 2018), épigraphiste »,
Bulletin d’études orientales [En ligne], LXVII | 2020, mis en ligne le 01 janvier 2024, consulté le 07 juillet 2021. URL : http://journals.openedition.org/beo/6787 ; DOI : https://doi.org/10.4000/beo.6787
Sélection de publications de Solange Ory sur le Yémen
Solange ORY, Catalogue de la photothèque des Archives Max Van Berchem conservées à la Bibliothèque publique et universitaire de Genève, Fondation Max van Berchem, Genève, 1975, 275 p., 20 pl.
Solange ORY, COUSSONNET Nahida, Les inscriptions de la mosquée de Ḏī Bīn au Yémen, Les Cahiers du CFEY 1, Centre Français d’Études Yéménites, Sanaa, 1996, 70 p., 8 photos.
Solange Ory (dir.), Bernard Maury, Christian Robin, Marie-ChristineDanchotte, Maria Luigia Calia-Rabezzani (collab.), De l’or du sultan à la lumière d’Allāh, la mosquée al-ʿAbbās à Asnāf (Yémen), Institut français d’études arabes et Centre français d’études yéménites, Damas, 1999, 609 p.