Le Yémen, dont le peuplement remonte à la préhistoire, a connu, sur des territoires à géométrie variable, différentes occupations étrangères et différents États. L’imamat, instauré au Xe siècle dans les montagnes du nord pour diriger la communauté zaydite du pays, est un régime politique original qui a connu son âge d’or au XVIIe siècle. Il subsistait encore lorsque les Britanniques ont occupé Aden en 1839, puis son hinterland et le Hadramaout, et lorsque les Ottomans ont commencé en 1849 leur campagne de conquête du pays par Hodeïda. Cette occupation ottomane (la seconde dans l’histoire du Yémen) a cristallisé l’opposition zaydite autour de ses Imams, notamment l’Imam Yahya qui succède à son père en 1904, et qui devient, avec la défaite ottomane en 1918, le dirigeant du premier État arabe indépendant. Réfractaires à toute réforme et à tout partage du pouvoir, les Imams Yahya et Ahmad (son fils) subiront les assauts de l’opposition jusqu’au renversement total du régime et la proclamation de la république, instaurée grâce au soutien de l’Égypte nassérienne en 1962. Dans le sud, l’occupation britannique est éliminée en 1967, et fait place à un régime marxiste. Les « deux Yémen » sont réunis en 1990 par le Président Ali Abdallah Saleh, mais la combinaison des cultures politiques explose au lendemain du « Printemps yéménite » de 2011.
Et depuis 2014, le pays sombre tragiquement dans une guerre civile dont les enjeux impliquent de nouveaux acteurs, menés par l’Arabie Saoudite à la tête d’une coalition régionale.