En dehors de la sphère de l’intime, les cheveux des femmes sont rarement visibles, et aujourd’hui, les jeunes filles portent précocement le voile noir islamique, parfois cintré « à la française », et souvent assez court pour laisser deviner un jean et des baskets. Dans certaines régions encore, une partie de la tête est rasée mais jamais entièrement. Dans la Hujjariyya, les cheveux de devant sont gardés de telle sorte qu’ils dessinent une auréole autour du visage – souvent colorés au henné – et le reste des cheveux est coupé régulièrement. Ailleurs, comme dans la région d’al-Mahra, c’est l’inverse qui est pratiqué.
Les chevelures sont, pour les hommes comme pour les femmes, des marques d’appartenance régionale, sociale ou religieuse. Les hommes juifs, par exemple, se distinguaient par leurs papillotes, le reste de la tête pouvant être partiellement couvert d’une calotte. Dans la société tribale du nord, les garçons réservent aujourd’hui le port de la robe blanche traditionnelle, du couteau (janbiya) et de la veste de costume au vendredi (jour de prière) ou aux jours de fête.
Plus récemment, la coiffure est devenue également un indicateur d’opinions politiques. Lors d’un des événements organisés par des révolutionnaires sur la « Place du Changement », à Sanaa, le 16 juin 2011, se côtoyaient des hommes en barbe et cheveux longs (coutume bédouine), des hommes en barbes allongées ou taillées avec des cheveux courts (souvent signe d’appartenance, d’affiliation ou de sympathie au parti du Rassemblement yéménite pour la réforme, al-Islâh), ou d’autres encore arborant leurs moustaches sans barbe et les cheveux raccourcis (image commune de l’homme des tribus). Il n’y avait aucun homme sans moustache ou qui soit rasé du haut des lèvres affichant une barbe prolixe et aux cheveux élagués (apparat manifeste des militants salafistes voire wahhabites).
Maggy Grabundzija
Références
Claudie Fayein et Michel Tuchscherer, Le Yémen et les Yéménites tels que les a vus, décrits et aimés Claudie Fayein, Sanaa, CEFAS, 2012, p. 64, 90 et 200-201.
Maggy Grabundzija, Le Yémen morceaux choisis d’une révolution, mars 2011-février 2012, Paris, L’Harmattan, 2015.