Réseau thématique
L’ Atlas des migrations en Méditerranée. De l’Antiquité à nos jours
Le réseau thématique de recherche sur les migrations en Méditerranée fédère les activités d’un certain nombre de laboratoires autour des enjeux migratoires, en Méditerranée et au‐delà. Il constitue le prolongement s’un séminaire inter laboratoire initié en 2012
qui a évolué vers un programme transversale. Aujourd’hui Réseau thématique, MIMED aborde la question interdisciplinaire large qui sous‐tend ce réseau est celle de la circulation, dans l’espace et dans le temps, des hommes, des pratiques, des savoirs et des idées.
La circulation est envisagée dans une dynamique temporelle, afin de restituer des processus de longue durée, et de mettre en perspective des processus comparables situés à différents moments de l’histoire.
L’espace méditerranéen est le terrain central de cette réflexion, envisagée à différentes échelles, des configurations locales aux dynamiques régionales et internationales.
Le réseau MIMED « Migrations internationales en Méditerranée » est dirigé par Virginie Baby-Collin (Telemme AMU) et coordonné par une équipe constituée de chercheurs et de jeunes chercheures.
MIMED favorise le dialogue interdisciplinaire en sciences humaines et sociales, entre archéologues, géographes, sociologues, politistes, historiens et anthropologues de la Maison méditerranéenne des sciences de l’Homme et d’autres laboratoires de recherches d’Aix-Marseille Université et de la Région Sud investis sur la thématique migratoire.
Les séances
2024
17 décembre : La Polycrise, un concept pertinent pour l’étude des migrations
23 octobre 2024 : Les migrations en Jordanie : une approche multisituée des politiques d’accueil et des stratégies d’installation.
10 juin: Accueillir à Marseille
mai 2024 Faire famille en migration
21mars 2024 Migrations sur image : la photographie comme outil en Jordanie et en France
25 janvier 2024 Intergenerational care across the lifecourse in transnational families
2023
2022
L’ATLAS DES MIGRATIONS
Coordonné par : Virginie Baby-Collin et al.
Au sein de la Maison méditerranéenne des Sciences de l’Homme d’Aix-en-Provence, Virginie Baby-Collin, professeure de géographie, Sophie Bouffier, professeure d’histoire grecque, et Stéphane Mourlane, maître de conférences en histoire contemporaine, ont travaillé durant plusieurs années avec une équipe internationale de coordination de douze historiens de toutes les périodes, de géographes et politistes à l’élaboration de l’Atlas des migrations en Méditerranée de l’Antiquité à nos jours (Actes Sud, 2021).
Aujourd’hui, la Méditerranée constitue un espace migratoire de première importance : en 2019, les pays riverains, qui regroupent un peu moins de 7% de la population mondiale, accueillent 15% des 271 millions de migrants internationaux. L’actualité l’illustre souvent de manière dramatique. Or la Méditerranée a toujours été un espace inlassablement parcouru, traversé ou longé, d’abord et longtemps par ses riverains, puis par des populations d’horizons plus lointains.
L’atlas propose un panorama original des migrations en Méditerranée depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Plus de 70 spécialistes, historiens, géographes, anthropologues, politologues se sont donnés comme objectif de montrer comment les migrations ont façonné les sociétés et les cultures méditerranéennes au cours de l’histoire. Il s’agit de rendre accessibles grâce à des textes courts, des phénomènes complexes, en mettant en lumière leurs particularités ou leur banalité ou en remettant en perspective les conditions de leur émergence. En regard, des extraits de sources historiques et des illustrations permettent de saisir les espoirs, les inquiétudes, parfois les drames qui accompagnent les mobilités d’hommes et de femmes de tous horizons.
Les 200 cartes produites jouent sur les échelles de représentation et varient les angles d’approche thématique : de l’observation des mouvements dans un port aux mobilités qui sillonnent l’ensemble des rivages méditerranéens, jusqu’aux projections mondiales des diasporas méditerranéennes, ou les mutations d’une métropole cosmopolite sous l’effet des arrivées successives de migrants.
L’atlas envisage toutes les circulations dans leur dimension structurante pour les espaces et sociétés méditerranéens : des mobilités de longue durée qui mettent en lien des lieux pluriels selon des itinéraires souvent plus complexes qu’un simple déplacement direct et à sens unique d’un point origine vers une destination donnée, mais aussi des mobilités courtes, saisonnières. Il s’agit aussi de prêter attention aux liens maintenus par des dynamiques transnationales, aux retours, qui se produisent parfois une ou deux générations plus tard et ne ramènent pas toujours au lieu d’origine. Il est ainsi question de départs inéluctables, qui sont fuites, exils et bannissements, donnant naissance à la figure du réfugié, apparue au XXe siècle, parfois à des diasporas. Mais les dynamiques diasporiques, animées d’une conscience identitaire forte, transforment, dans certains cas, le rêve du retour en expérience concrète.
L’atlas se structure en trois parties composées chacune de chapitres au sein desquels se succèdent, après une introduction, des doubles pages thématiques, laissant ainsi le choix d’une lecture continue ou fractionnée. Il évoque d’abord les structures qui encadrent, contrôlent ou accompagnent les migrations (routes, frontières, lieux d’accueil, cadres politiques et juridiques), puis les différents acteurs (marchands, travailleurs, esclaves, religieux, intellectuels ou artistes) avant de porter attention aux modalités de contacts entre les migrants et les sociétés d’accueil (invasions, colonisations, transferts, cosmopolitisme, xénophobie). Une réflexion sur la dilatation mondiale de la Méditerranée, qui n’est pas demeurée un espace fermé pendant les vingt-huit siècles parcourus, vient clore l’ouvrage.
Dès l’Antiquité, le périple d’Alexandre le Grand puis les expéditions médiévales d’Ibn Battûta ou de Marco Polo décloisonnent l’espace méditerranéen en ouvrant des relations avec l’Orient. Les grandes découvertes et la naissance des empires coloniaux déplacent massivement des méditerranéens vers les « nouveaux mondes », occidentaux et orientaux, et engendrent des communautés diasporiques outre-mer.
Parallèlement, la Méditerranée commence à attirer de nouveaux résidents, Asiatiques ou Africains, venus pour les mêmes raisons que les communautés migrantes d’autrefois, et qui contribuent à ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire des sociétés méditerranéennes.
L’entreprise peut paraître audacieuse, démesurée même face à l’impressionnant massif que représente l’histoire des mobilités et des migrations depuis l’Antiquité, avec par instant des incursions dans les temps préhistoriques, jusqu’à nos jours. Il ne s’agit en aucun cas de prétendre à une quelconque exhaustivité, ni de céder à la moindre ambition encyclopédique.
Le lecteur est plutôt invité à la réflexion à travers cet essai fondé sur des éclairages thématiques et diachroniques mettant en lumière des résultats de la recherche souvent dispersés par ailleurs et contribuant au renouvellement des questionnements par la production de données inédites.
L’atlas s’adresse alors à un lectorat qui cherche à mieux connaître et comprendre une question qui, sous les feux de l’actualité, suscite des discours aux formules lapidaires et parfois outrancières.
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