E. Chapron

De l’écrit à l’écran (2022-2023)

Objets numériques et matérialité des sources écrites

Laurent Maggiori

 

 

A l’issue d’une année d’activité, l’équipe du SIEE (Séminaire interdisciplinaire “De l’Ecrit à l’Ecran”) prolonge ses travaux au cours de l’année 2022-2023. Nous rappelons ci-dessous les objectifs initiaux qui ont guidé nos explorations pendant l’année 2021-2022. Nous établissons ensuite un bilan des activités déployées au cours de l’année et proposons enfin un prolongement du séminaire, pour approfondir des aspects qui nous sont apparus comme porteurs d’intérêt et explorer des pistes qui ont émergé au cours des séances.

Objectifs scientifiques

Depuis une vingtaine d’années, les technologies numériques sont au cœur de la pratique quotidienne des chercheurs. En avril 2020, la bibliothèque numérique d’AMU, Odyssée, s’est félicitée d’avoir mis en ligne un million de pages ; Gallica affiche aujourd’hui près de 8,5 millions de documents en ligne et enrichit constamment ses fonctionnalités. Le numérique n’est pas uniquement un outil de visualisation : il offre aussi des possibilités inédites pour la recherche (haute résolution, 3D, niveau d’accessibilité jamais atteint, etc.).

Ce saut numérique s’est accompagné d’un mouvement de réflexion épistémologique des communautés savantes sur leurs objets, leurs outils et leurs méthodes de travail. Cette approche a encouragé les travaux :

  • sur les matériaux et supports matériels de l’écrit (économie du papier, déclinaison des supports : pages de garde, palimpsestes, etc.).
  • sur l’analyse matérielle des codices manuscrits et imprimés et la collation des exemplaires ;
  • sur les collections, archives et bibliothèques, dont l’organisation matérielle participe au sens donné aux objets ;
  • sur la vie matérielle des artéfacts et les strates d’interprétation ajoutées par les manipulations (reliure, découpage, annotations…) des savants, bibliophiles ou institutions de conservation.
  • sur l’histoire des archives (opérations de sélection, de classement, de destruction, d’agencement matériel et d’inventaire), dans un contexte où la structure technique des plateformes numériques impose des choix et des contraintes qui modifient en profondeur la signification de l’archivage et de l’archive.

Il y a ainsi, dans le monde de la recherche, un hiatus fort entre la séduction qu’exercent les nouveaux outils numériques et la conscience aiguë de la déperdition phénoménologique et herméneutique causée par la dématérialisation et la mise à distance d’objets d’études de plus en plus coupés du corps, outil aussi indispensable que l’esprit à une saisie correcte des objets. Il ne s’agit pas d’opposer « goût de l’archive » et pratiques numériques, qui n’ont rien d’incompatible et peuvent former un cercle vertueux de la recherche. Pour autant, l’accès à la matérialité des objets textuels par le numérique n’est pas la même que celle qui s’offre dans le face-à-face réel du chercheur avec l’objet-texte. Ce séminaire possède donc une triple dimension épistémologique, méthodologique et pratique. Il voudrait réfléchir :

  • à la manière dont on peut appréhender, décrire et analyser la matérialité des objets à partir, malgré ou à l’aide de leurs substituts numériques.
  • à la manière d’améliorer l’intégration de la dimension matérielle des objets étudiés dans les plateformes et fonds numériques existants.

Responsables scientifiques

Emmanuelle Chapron (TELEMME, AMU),
Élodie Attia (CNRS TDMAM),
Sébastien Douchet (CIELAM, AMU),
Anne Mailloux (LA3M, AMU).

 

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Séance du 9 février 2023

Séance du 12 janvier 2023
Séance du 11 mai 2023