TOPIA I Monuments, vestiges et statues 2024

Le point de vue du voyageur sur les sites grecs, de l’Antiquité à l’époque contemporaine 2024

Relief dit de la « visite à Dionysos chez Icarios » – Londres, British Museum, inv. 1805,0703.123 – Hauteur : 0,91 m – Ier s. apr. J.-C. – © The Trustees of the British Museum.                                                                                                                                                                                                           Les vestiges matériels de l’Antiquité grecque, aujourd’hui sur les sites ou en musée, sont souvent décrits par les voyageurs de l’Antiquité : le corpus des historiens grecs et romains (Polybe, Diodore de Sicile, Pline, Procope de Césarée) et surtout des historiens géographes (Strabon, Pausanias, etc.), qu’on dit parfois aux origines du « tourisme », livre nombre de descriptions étendues de telle sculpture ou tel monument. Ces descriptions de monuments grecs ont souvent été analysées d’un point de vue littéraire, avec un intérêt particulier accordé à l’ekphrasis dans le cas des statues ou encore au lexique technique (géographique, architectural) mais guère sous l’angle du point de vue adopté par l’auteur-locuteur, et de ce que l’on appelle en grec l’énargéia, c’est-à-dire de l’effet visuel.

La notion de point de vue doit être entendue ici au sens premier, et non au sens très général de « perspective sur », ou d’« idée sur » : en fonction de la position spatiale adoptée par l’auteur, de ce qu’il perçoit dans l’espace, de sa perspective, la mise en récit de la réalité matérielle diffère. Cette notion est aussi, d’une autre façon, au centre de l’intérêt de l’archéologue et de l’historien de l’art grec qui, travaillant sur les mêmes vestiges, tâchent de les restituer dans un dispositif monumental, par exemple pour déterminer la position des statues dans l’espace public ; ils tâchent aussi d’en examiner l’effet visuel par rapport aux monuments environnants et à leur évolution, mais convoque rarement les écrits des voyageurs anciens.
À l’heure où des éditions récentes ou en cours permettent d’appréhender ces textes avec un regard renouvelé, on croisera la perspective des philologues, historiens de l’art, archéologues et spécialistes de géographie historique, en confrontant la matérialité des choses et ce que les auteurs en disent, afin d’examiner la façon que les Anciens avaient de regarder les monuments, en particulier les monuments publics, ainsi que leur perspective sur certains sites ou paysages urbains. Dans cet esprit d’interdisciplinarité, on envisagera aussi le point de vue porté sur le vestige grec sur un temps long, en prenant en considération d’autres regards « antiquaires », comme celui de Cyriaque d’Ancône au XVe siècle, et celui de Louis Fauvel au début du XIXe siècle. Les discussions porteront donc jusqu’à l’époque contemporaine.

 

Ce séminaire se propose de répondre à trois questions :

 

  1. On fera dialoguer éditeurs et commentateurs des textes avec les archéologues sur des vestiges déterminés, en priorité ceux qui sont conservés, la notion d’autopsie étant au centre de notre sujet : il s’agira d’étudier la perception d’un individu sur un objet ou un monument, ce qu’il en a vu ou non, l’appréciation qu’il en donne et l’effet visuel qui ressort par rapport aux autres monuments décrits.
  2. Le séminaire contribuera en outre à l’étude de la diversité et transformation du regard porté sur un monument déterminé au cours du temps, que cette transformation soit liée à un déplacement, à une restauration, ou à une destruction complète ou partielle. En effet, la destruction du Colosse de Rhodes n’a pas empêché l’œuvre de nourrir l’imaginaire jusqu’à l’époque contemporaine.
  3. Le séminaire a aussi une vocation d’enseignement et de formation à la recherche.
    Les étudiants de Master et les doctorants y participeront ; en outre, il s’agira avec l’aide des étudiants de réfléchir, à partir d’exemples précis, à la pertinence des restitutions graphiques et tridimensionnelles de monuments dans la compréhension du point de vue antique.

 

Responsables scientifiques :

Hélène Aurigny, CCJ, AMU ; Guillaume Biard, IRAA, AMU ;  Aude Cohen-Skalli, CNRS, TDMAM, AMU

 

Les Séances

 

27 septembre    Restaurer et conserver les monuments dans l’antiquité tardive

23 mai 2024: Sculpture et paysage Ier siècle> a.J 1er siècle p.C »  avec Guillaume Biard

24 avril 2024  Atelier « La topographie de Nysa selon Strabon (XIV, 1, 43 C649) »  avec A. Cohen-Skalli .

Séance 23 février 2024 Perception du paysage et des monuments du sanctuaire des Muses au pied de l’Hélicon, de Pausanias à aujourd’hui

Séance 2 février 2024 Gaza au VIe s. apr. J.-C. :  travail du bois et décor architectural dans un discours de Chorikios (Or. 2, 41-45)

21 septembre 2023 « SANCTUAIRES ET STATUES : PERCEPTIONS ANTIQUE ET MODERNE »

 

 

Partager

Contact

COHEN-SKALLI Aude