Géographies imaginaires. Le voyage-prétexte comme machine à penser

Programme externe 2020-2022

 

Le programme de recherches « Géographies imaginaires : le voyage-prétexte comme machine à penser »,  porté par le CIELAM AMU et  LA3M, est étroitement lié à un événement scientifique majeur pour AMU en cours de constitution. A partir de 2021, le Centre de Recherche sur la Littérature des Voyages  au site pionnier en Humanités Numériques, fondé à la Sorbonne dans les années 1980 par François Moureau puis transféré à Clermont sous la direction de Philippe Antoine, sera géré depuis AMU, à la Maison de la Recherche. Il sera alors pleinement dirigé par Sylvie Requemora, qui en assure déjà la direction éditoriale.  L’audience du site, même dans cette période de transition, est conséquente (pour le mois de septembre 2019 par exemple : 4211 utilisateurs, 108 pays). En partenariat avec le CIELAM, la SELVA, le LERMA, IrAsia et le CAER (dont un des axes de recherche a précisément été consacré au voyage durant plusieurs années, cf. deux exemples de publications collectives dans https://journals.openedition.org/italies/3391 et https://journals.openedition.org/italies/4642) qui entendent perpétuer cet élan, notamment par la formation de doctorants travaillant sur des récits de voyage (14 doctorants appartiennent à l’équipe), il constitue ainsi un pôle de premier plan pour les recherches sur les voyages et leurs récits et permettra de fédérer, à Aix, les chercheurs travaillant sur ces domaines.

Alors que le voyage est étudié depuis plus de vingt ans et qu’il a donné lieu à de nombreuses définitions théoriques qui ont élargi son champ d’interprétation, l’on s’est encore peu penché sur les « faux voyages », sinon sous d’autres angles que le voyage lui-même : l’angle rhétorique, argumentatif, politique, etc. Et si l’on revenait à tous ces « faux » voyages, pris comme symboles, prétextes, manière, schémas culturels et idéologiques, etc. ? et si l’on parvenait à les re-définir dans le champ littéraire comme un genre à part entière et non simplement comme voyage-fantaisie ?

A toutes les époques, de l’Antiquité à nos jours, de nombreux genres littéraires se sont emparés de la forme du voyage pour raconter autre chose ou délivrer un discours particulier (didactique, philosophique, poétique, satirique…). Ces « faux » voyages, souvent et longtemps dénigrés, méritent au contraire d’être étudiés non seulement pour eux-mêmes, mais aussi en miroir des voyages « réels » : le projet suppose aussi de traiter de la littérature de voyage pour mieux comprendre la construction de discours imaginaires, fantastiques, didactiques, etc.

En analysant les différentes formes littéraires prenant le voyage comme « prétexte », le projet entend à la fois définir les raisons et les visées de cet usage et appréhender de manière réflexive le sens du voyage dans les littératures et cultures de l’espace méditerranéen. La méthode interdisciplinaire du programme « Géographies imaginaires : Le voyage-prétexte comme machine à penser » promeut un dialogue des différentes disciplines représentées par les chercheurs rassemblés, spécialistes de littérature antique, de récit épique médiéval, de romans philosophiques modernes ou d’écritures migrantes contemporaines.

S’il est difficile de parvenir à une définition simple et unique du genre viatique, l’examen et la confrontation de ces multiples « voyages-prétextes » doit nous amener à ré-interroger la place dans notre culture de ces textes si nombreux pour y ré-examiner de façon générale la place du voyage comme forme critique.

Au-delà de l’inventaire et de la réhabilitation de ces textes, nous cherchons à en renouveler l’analyse et à les faire connaître par le biais des outils des Humanités numériques, tout en prenant une mesure nouvelle de leur impact dans nos cultures.

Pour déterminer ces objectifs, il s’agit d’envisager différentes perspectives reliées au champ littéraire, comme la sociologie ou les études de réception pour sonder aussi bien l’histoire culturelle, idéologique et politique dans laquelle s’inscrit le voyage que d’autres perspectives comme la psychologie, la sémiotique. En effet, l’œuvre tisse un ensemble de signes avec le monde, décode et recode un discours préexistant qui, bien que facilement définissable pour le critique (genre et type), obéit le plus souvent à des enjeux cachés autant pour le lecteur contemporain que pour le moderne.

Les laboratoires : Telemme  IREMAM et USR3125 sont associés au projet

Coordination : Sylvie Requemora, CIELAM AMU; Christine GUADRAT  LA3M CNRS MMSH
Coordination ED mai 2022 avec la collaboration de Nacira Abrous Cnrs UAR3125 MMSH

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REQUEMORA Sylvie